
Depuis 1979, et la signature du traité d’Alger mettant fin à notre implication dans le conflit du Sahara occidental, la Mauritanie a adopté une position de neutralité. Une posture responsable, respectée, qui a protégé notre stabilité et permis de préserver des relations équilibrées avec nos voisins. Mais aujourd’hui, l’environnement régional a profondément évolué.
Le Maroc, soutenu par les États-Unis, la France, l’Espagne et les Émirats arabes unis, considère désormais la reconnaissance du Sahara comme un point non négociable dans ses relations extérieures. La neutralité de la Mauritanie, autrefois acceptée, est aujourd’hui perçue comme une ambiguïté à clarifier. Les Émirats arabes unis, par ailleurs, sont devenus l’un des principaux partenaires économiques et financiers de la Mauritanie, tout en soutenant activement la souveraineté marocaine sur le Sahara.
L’Algérie, de son côté, reste fidèle à sa position historique de soutien à la RASD. Elle entretient un lien étroit avec la Russie, tout en étant en désaccord ouvert avec les régimes militaires de l’AES. Paradoxalement, la Russie continue de renforcer son influence dans cet espace, y compris là où l’Algérie n’a plus d’alliés directs.
Au milieu de ces tensions, la Mauritanie apparaît comme un acteur pivot. Respectée par les deux camps, partenaire stratégique de tous sans dépendance exclusive, elle se retrouve au centre d’un jeu géopolitique complexe, mais qu’elle peut encore maîtriser.
Ce contexte régional se croise avec un enjeu mondial : la transition énergétique. Celle-ci ne pourra pas se faire sans les minerais critiques. Lithium, cuivre, cobalt, fer, uranium, terres rares, mais aussi bien d’autres ressources que le sous-sol sahélien recèle en abondance. Le monde entier regarde la région. Les grandes puissances s’y installent, s’y engagent, s’y projettent. Les États-Unis, la Russie, la Chine, la Turquie et l’Union européenne sont toutes présentes dans la région, cherchant à garantir leurs intérêts et à sécuriser l’accès aux minerais stratégiques du Sahel.
C’est une opportunité historique pour la Mauritanie. Mais aussi une responsabilité. Si nous savons défendre nos intérêts, cette période peut nous permettre d’obtenir des investissements majeurs, de créer des emplois, de bâtir une économie plus autonome et plus solide. Si nous subissons les événements, au contraire, nous risquons l’isolement, la pression, la marginalisation, voire la déstabilisation.
Ce que la Mauritanie représente aujourd’hui est rare. Mais ces atouts ne valent que s’ils sont mis au service des intérêts du pays.
Alors, chers amis, devons-nous rester neutres dans le conflit du Sahara occidental ? Qu’en pensez-vous ?
Dahah Hemody


